Problèmes de bien-être associés à la coupe de la queue et liens potentiels entre les morsures de la queue et le microbiote intestinal
La législation européenne stipule que la caudectomie des porcs n'est pas autorisée à être pratiquée de manière routinière dans les exploitations.

Cependant, l’écourtage de la queue est encore une pratique courante dans de nombreux pays européens, bien que plusieurs d’entre eux, dont la Finlande et la Lituanie, aient complètement arrêté l’écourtage de routine. Cependant, de nombreux porcelets en Europe sont encore exposés de manière routinière à la coupe ou à la cautérisation d’une partie de la queue jusqu’à une semaine après la naissance, afin de prévenir les morsures de la queue dans leur vie ultérieure. Cette procédure est généralement effectuée par l’éleveur au cours de la première semaine de vie des porcelets, sans aucun soulagement de la douleur.

Questions relatives au bien-être
L’écourtage de la queue s’est avéré efficace pour réduire les morsures de la queue uniquement lorsqu’une partie considérable de la queue est écourtée. Cependant, l’amarrage lui-même peut créer des problèmes importants en matière de réglementation et de bien-être lié à la santé. Le vétérinaire d’exploitation a un rôle important à jouer en effectuant une évaluation des risques spécifiques à l’exploitation et en conseillant à l’exploitant des mesures préventives en cas d’apparition de morsures de la queue.

Pertes économiques dues aux morsures de la queue
Selon diverses études, les morsures de la queue affectent 2 à 12 % des exploitations, ce qui coûte à l’industrie porcine britannique 3,51 millions de livres par an. Aux Pays-Bas, un troupeau de finition typique dépense environ 2 400 euros par an pour soigner les lésions dues aux morsures de la queue (<1 % de la valeur de vente des porcs en supposant que 2 % d'entre eux souffrent de lésions), tandis que le Danemark dépense 18,96 euros par victime de morsure de queue (environ 15 % de la valeur de vente d'un porc présentant des lésions). Récemment, une réduction de 1,10 € du bénéfice agricole annuel moyen par porc produit (-15,1 %) a été signalée dans des exploitations irlandaises présentant une prévalence élevée de lésions graves de la queue. Certains auteurs suggèrent que le coût des lésions dues au mordillement de la queue en Europe est d'environ 2,00 € (±1,4 €) par porc fini (1-3 % de la valeur de vente d'un porc). Facteurs de risque
Bien qu’il n’y ait pas de cause unique expliquant pourquoi on se mord la queue, il existe une littérature abondante identifiant les différentes causes potentielles, les facteurs de risque, et de nombreux essais étudiant différentes solutions. En général, le fait de se mordre la queue est considéré comme un comportement anormal exprimé dans des conditions stériles, résultant de l’incapacité à satisfaire le besoin naturel de fouir, de chercher de la nourriture et d’explorer. En outre, les porcs domestiques sont exposés à de nombreux défis stressants tout au long de leur vie, et plusieurs d’entre eux ont été identifiés comme des facteurs de risque pour le développement de la morsure de la queue. Ces facteurs peuvent être d’ordre environnemental, comme la température, la méthode d’alimentation, l’absence d’enrichissement approprié et une conception inadaptée de l’enclos, par exemple des sols entièrement en caillebotis. Plusieurs facteurs sociaux, comme le manque d’espace à la mangeoire qui entraîne une concurrence, une densité de peuplement élevée, sont des facteurs de risque importants de morsure de la queue, tout comme des facteurs individuels tels que l’état nutritionnel et la neurobiologie. Cependant, on ne comprend pas encore parfaitement comment tous ces facteurs, nombreux et différents, contribuent à l’apparition des morsures de queue.

Liens avec le microbiote intestinal
Le microbiote intestinal est un facteur qui pourrait établir un lien entre les comportements liés à la nourriture, les différents types de facteurs de stress et les morsures de la queue. Le microbiote intestinal joue un rôle majeur dans la régulation des processus homéostatiques chez l’hôte. L’immunité, la santé cardiovasculaire et le système digestif sont touchés, ainsi que certains processus métaboliques. Les principaux processus cérébraux sont également influencés par les fonctions du microbiote, reliant l’intestin au cerveau, ce qui est plus communément appelé l’axe microbiote-intestin-cerveau.

L’une des voies de communication entre l’intestin et le cerveau passe par la production de métabolites microbiens ayant des propriétés neuroactives. Les acides gras à chaîne courte (AGCC) sont les principaux métabolites produits dans le gros intestin par la fermentation bactérienne anaérobie des fibres alimentaires. L’acétate, le propionate et le butyrate sont les principaux AGCS présents dans le côlon et sont des éléments clés de la communication intestin-cerveau par le biais de voies de signalisation.

Essais récents
L’objectif d’une étude récente publiée en 20211 était de déterminer si des ensembles appariés de porcs mordeurs, victimes de morsures de la queue ou témoins (porcs non impliqués dans un épisode de morsure de la queue), ont une composition et une diversité de microbiote différentes, ainsi qu’un profil plasmatique d’AGCS. Des différences étaient attendues entre les porcs mordeurs et les porcs victimes par rapport aux porcs témoins, étant donné le stress lié au fait de se mordre la queue, les différences entre les mordeurs et les victimes pourraient appuyer l’hypothèse selon laquelle un microbiote intestinal déséquilibré et un profil d’AGCS modifié jouent un rôle dans le développement des morsures de queue.

Dans cet essai, les scientifiques ont constaté une réduction des concentrations plasmatiques d’AGCS dans les fèces des porcs mordeurs ainsi qu’une réduction des concentrations plasmatiques d’AGCS chez les porcs victimes. Cette étude a fourni des preuves supplémentaires du rôle de la composition et de la diversité du microbiote intestinal, ainsi que du rôle spécifique des AGCS dans la morsure de la queue chez les porcs.

Conclusion
Des études futures sont nécessaires pour confirmer ces changements et comprendre les causalités et interactions potentielles impliquées dans la morsure de la queue.

Sources
Le microbiote intestinal et les métabolites microbiens sont associés à la morsure de la queue chez les porcs Scientific Reports volume 11, Article number : 20547 (2021).

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